La cohésion sociale en danger

Helvetia Durabilis : Une chronique préparée avec le soutien de Sustainable Finance Geneva et du Groupe AlphaMundi.
Rédigée ce mois par Tim Radjy, Partenaire Gérant d’AlphaMundi et Vice-President de Sustainable Finance Geneva.

Pour faire écho à la Journée Mondiale de la Justice Sociale le 20 février, nous proposons d’illustrer ce mois la réduction des inégalités (ODD 10).

24 Février 2021: Le 20 février marque la Journée Mondiale de la Justice Sociale. Or la pandémie, qui a fait 2.5 millions de victimes à ce jour, a exacerbé les inégalités mondiales, avec des taux d’infection et de mortalité plus prononcés dans les quartiers pauvres. Les dirigeants du G7 qui se réunissent ce vendredi devront répondre à la remarque du Secrétaire-Général des Nations Unies, Antonio Guterres: “130 pays n’ont toujours pas reçu de vaccin, alors que 10 pays ont fait usage de 75% de tous les vaccins disponibles”. “Le gouffre profond qui sépare les pauvres des nantis s’avère aussi mortel que le virus lui-même”, souligne Gabriela Bucher d’Oxfam International, avec un impact disproportionné sur les femmes qui constituent près de 70% du personnel soignant mondial.

Tout aussi préoccupant, 60% des employés travaillent sans aucun contrat selon l’OIT, et les économistes prévoient une croissance marquée des disparités salariales, avec 500 millions de personnes qui risquent de s’ajouter aux rangs de ceux qui gagnent moins de 5.5 dollars par jour d’ici à 2030, à cause de la pandémie. D’autant plus qu’il faudra attendre la fin 2021 pour que le PIB mondial retourne à son niveau de pré-pandémie, en notant qu’au Moyen-Orient, en Amérique Latine, en Afrique et même en Asie, 10% de la population raflent plus de 50% des revenus nationaux. Ironie du sort, les milliardaires se sont remis du choc économique de la pandémie en 9 mois, et la Chine rallie son économie tambour battant: elle sera à l’origine de plus du tiers de la croissance économique mondiale en 2021 selon l’OCDE. L’érosion de la cohésion sociale est donc identifiée comme l’un des dix dangers immédiats par le World Economic Forum, sans oublier l’avertissement de Mark Carney, l’envoyé des Nations Unies pour l’action climatique: “On ne peut pas s’isoler du changement climatique; en termes de mortalité, ce sera l’équivalent d’une pandémie chaque année dès le milieu du siècle”.

L’inégalité sert donc de toile de fond à l’impératif moral de la finance durable qui devient norme d’industrie en Europe comme en Suisse, avec de nouvelles exigences de divulgation des risques financiers liés au climat. Et malgré la passivité déconcertante de la Banque Nationale Suisse, l’industrie financière du pays investit déjà un tiers de ses actifs de façon durable selon Swiss Sustainable Finance.

Rédigée ce mois par Tim Radjy, Partenaire Gérant d’AlphaMundi et Vice-President de Sustainable Finance Geneva.

Disponible sur le site de l’AGEFI

Sur le fil
Les institutions financières suisses contrôlent 35% des actifs investis dans les fonds d’impact selon Symbiotics. L’industrie a le vent en poupe avec une croissance de 17% par an depuis 2016, soit plus de 700 milliards de dollars investis aujourd’hui. L’ONG ImpactAssets vient de publier aujourd’hui sa 10e sélection annuelle de 50 fonds d’impact, et note que 13 gérants d’impact ont désormais franchi le cap du milliard de dollars sous gestion – une aubaine à ne pas manquer pour la Suisse.

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